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13 octobre 2012 6 13 /10 /octobre /2012 14:46

Tribune parue dans le quotidien l'Humanité des 12 et 13 octobre 2012

sous le titre "Par quelles voies passe la démocratisation de l'école ?"

 

 

Démocratiser l'école en améliorant la qualité de la formation des étudiants et des enseignants

 

Dans le cadre de la refonte de la formation des enseignants et de l'école, trois axes sont déterminants.

 

De la nécessité de pré recrutements...

 

Si les arguments quantitatif, l'insuffisance d'un vivier, ou qualitatif en terme de mixité sociale sont souvent mis en avant, la première raison qui plaide pour un prérecrutement est qu'il faut de très bons enseignants recrutés parmi les meilleurs élèves et étudiants, pour l'école de demain.

Ce sont les bons enseignants qui  permettront d'élever le niveau de savoirs de l'ensemble de la  nation. Prérecruter le plus tôt possible les meilleurs élèves, notamment de milieux sociaux très divers permettraient d'assurer des étudiants dans les filières peu choisies et de stabiliser les conditions de vie  des jeunes de milieux défavorisés ou qui souhaitent être indépendants de leurs familles.

La difficulté aujourd'hui pour les jeunes de milieux populaires est d'entrer à l'université et d'obtenir une licence. Pour leur permettre de devenir enseignants, il faut prérecruter une partie dès le bac, et tout au long de la licence.

 

Le prérecutement a un coût immédiat, mais c'est un investissement pour la nation. La réalité aujourd'hui est un gâchis : des postes non pourvus faute de candidats, des élèves face à des vacataires envoyés non formés souvent en zone difficile, des étudiants qui ont des difficultés matérielles à suivre l'ensemble des cours.

Ceci se ressent sur la qualité de la formation acquise, ainsi que sur sa durée. Pré-recruter permet de former mieux et plus rapidement.

Améliorer la formation, c'est donc donner de bonnes conditions d'études dès L1 pour suivre tous les cours dispensés et passer le concours  quelque soit le milieu social d'origine. Il ne suffit pas de dire que l'on souhaite de la mixité sociale, il faut en créer les conditions. De ce point de vue, les « contrats d'avenir pour futurs enseignants » sont une fausse solution, pénalisant les étudiants en difficulté financière. Ce ne sont pas des prérecrutements, tout au plus un pis aller risquant de creuser les inégalités scolaires. Cette mesure va à l'encontre d'un processus de démocratisation de l'université.

 

Donner de la lisibilité à moyen terme un projet pour refonder l'école

Les prérecrutements n'ont de sens que s'ils reposent sur une réelle volonté politique, visible, de refonder l'école. Il faut donner l'envie de devenir enseignant,  de  revaloriser le métier pour le rendre attractif tant du point de vue financier, que des conditions d'exercice. Conforter le métier c'est la possibilité pour les enseignants de maîtriser à un haut niveau des savoirs disciplinaires, mais également des savoirs scolaires à enseigner et des savoirs pour enseigner. L’ensemble ne peut se concevoir sans une liberté pédagogique, un travail en équipe et une  collaboration avec l'encadrement. Réduire la pression sur les enseignants et les tensions au travail permettrait d'accroître la qualité de l'enseignement.

 

Stabiliser les structures de formation des enseignants et leur permettre d'assurer de nouvelles missions

les IUFM ont vu leurs moyens et missions s'étioler depuis leur création. Ils se sont vu reprocher de ne pas être assez « universitaire » alors qu’ils étaient privés de possibilités de mener de véritables recherches en éducation. Ils ont été dépouillés des missions de formation continue au profit des inspecteurs, devenus à la fois formateurs et évaluateurs. Leur intégration dans l'université les a privé de moyens garantis et a conduit à un démantèlement des équipes.

Il est temps de construire des structures stables aux missions clarifiées  sur la formation initiale et étendues en matière de formation continue, de recherche en éducation. Cela suppose un financement garanti et des équipes pluricatégorielles indépendantes hiérarchiquement des rectorats.

Les nouvelles Ecoles du Professorat et de l’Education ont vocation à intervenir dans les parcours de préprofessionnalisation, à piloter les masters d'enseignement, à développer seuls ou en partenariat avec d'autres composantes de l'université des préparations aux concours.

Elles doivent accueillir les personnes désirant se reconvertir, pouvoir assurer la formation pédagogique des personnels de l’université, être maître d’ouvrage de la formation continue, en partenariat avec le rectorat et les autres composantes de l'université. Il est vital aujourd'hui que la recherche soit diffusée auprès des enseignants, la formation doit y contribuer pleinement. La formation des formateurs (tuteurs, conseillers pédagogiques) est urgente. Des formations qualifiantes débouchant sur la délivrance de master de l'éducation doivent être proposées.

Ces missions doivent être inscrites dans la loi d’orientation, pas seulement faire l'objet d'un arrêté sous forme de cahier des charges facilement modifiable. 

Parce que la formation des enseignants est liée à l'école que nous voulons, il faut l'inscrire dans une loi ambitieuse pour relancer une véritable démocratisation.

 

Gisèle Jean, Claire Pontais syndicalistes.

 

 

 

 

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