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13 avril 2013 6 13 /04 /avril /2013 19:20

La cola,conséquence d’un mode d’organisation économique et sociale, elle  imprime un rythme et une manière de vivre aux habitants de Caracas.

Vue de CaracasVENEZUELA 2011 133 

Revenant après quelques mois d’absence j’avais presque oublié comme il est difficile pour un français de faire ainsi la queue (la cola) toute la journée.

 

Faire ses courses

 Hier j’ai fait la queue le matin au centro mercado, pour la caisse environ trois quart d’heure, échangeant sur les difficultés à trouver tel ou tel produit, écoutant la mamie derrière moi téléphoner à sa famille pour savoir s’ils souhaitaient de la viande , informant avec son portable sur le fait essentiel que le papier toilette était disponible à côté de l’huile à l’entrée. Papier toilette, huile, farine de maïs, sucre lait en poudre (ici on consomme surtout du lait en poudre) tout était disponible, mais le nombre de ces produits  est limité  par personne et comme hier, les rayons étaient remplis sans cesse dans ce petit centre commercial d’Altamira, la queue s’est formée. Les queues sont longues et peuvent s’étendre dans tout le magasin, car il y a peu de débit en caisse et beaucoup de personnes paient avec des tickets. L’autre façon de faire ses courses pour les légumes est d’attendre les marchés comme plaza Indios ou tout est vendu au poids à un prix unique  ou sur le petit marché de fruits et légumes, de fromage et de viande le samedi matin avenida José Felix Sosa, bloquant la rue dès 6 h30 les producteurs étalent leur marchandise.

 

Se déplacer dans la ville

La queue également pour le métro entre 17h et 19h, assez ordinaire à cette heure là mais car un incident à Chacao  a bloqué toute la circulation. Foule compacte dans la rame de métro qui n’avance guère : une seule solution prendre son mal en patience, le bras étiré pour saisir une barre et se maintenir coûte que coûte accrochée. Cependant pas de bousculades, pas de cris, le respect des autres, on laisse toujours la place dans le métro ou le bus aux personnes âgées, femmes et jeunes enfants.

Je n’ai pas fait la queue à la banque car les cartes bancaires internationales ne sont pas admises et il faut amener des devises étrangères et les convertir en bolos mais pas dans une banque mais avec un changeur connu si possible  ( à un euro contre 28 bolos) ce qui évite de faire dépouiller ensuite aussi vite, mais n’est pas légal car il y a un contrôle des changes avec un taux officiel de change que personne ne respecte et qui favorise le marché noir de devises.

Il est difficile d’éviter la queue si vous vivez à Caracas : banque, paiement des factures se s’effectuent encore beaucoup en caisse (même si cela régresse) et hommes comme femmes font la queue.

Le matin à Altamira une longue file attend le bus vert (public et  très bon marché) pour El Hatillo, une très longue file qui disparaitra au fil de la journée et réapparait dans l’autre sens le soir, idem pour tous les bus.

La ville est engorgée dès 7h et jusque vers 19h il est difficile de circuler en voiture. Trop de voitures et pas assez de voies rapides. Les transports en commun ne suffisent pas et le choix de laisser l‘essence à un prix ridiculement bas favorise les déplacements en voiture (à condition d’en avoir une). Le mode de vie très américain qui s’est développé dans les années 70 fondé au moment de l’essor du Venezuela n’a pas été modifié  avec la croissance de la population et des infrastructures  qui  restent très insuffisantes, le résultat est cette pollution et ce bruit continu.

 

La queue comme conséquence de politiques publiques défaillantes, oui mais lesquelles ?

 Une part non négligeable de la vie est occupée pour les couches pauvres ou moyennes inférieures à faire la queue. C’est parfois un moment d’échanges  sur le quotidien mais pas toujours chacun attend patiemment dans une file à la banque et rares sont ceux qui comme moi s’exaspèrent. Le seul point de comparaison que j’ai c’est la Pologne de la fin des années 80 et du début des années 90 que j’ai beaucoup fréquenté à cette période. A l’époque seuls les dignitaires du régime ne faisait pas la queue, ici seuls les  très riches ne font pas la queue, tous les autres à un moment où un autre se retrouvent dans un bouchon. Pour autant la queue n’est pas égalitaire ce sont plutôt les femmes au ravitaillement, les hommes dans les banques, mais quel que soit le mode de déplacement tout le monde y a droit !

 

Comme dans beaucoup de capitales d’Amérique du Sud la ville se développe chaque jour, la population est plus nombreuse, la capitale attire une population venue du reste du pays qui trouve un niveau de vie plus élevé, l’espoir d’accéder à un logement, à un travail. Les infrastructures de transport ne s’étant pas développées au même rythme, c’est l’asphyxie quasi permanente. Il me semble qu’une des raisons du problème est la fragmentation des responsabilités. Pays très décentralisé, la prise de décision n’incombe pas toujours au gouvernement, mais à la région ou à la municipalité. Or Caracas est sur plusieurs municipalités ce qui complique sans doute la coordination des politiques publiques et leur financement.

En ce qui concerne l’approvisionnement en denrées de première nécessité, Il est clair que les filières de production mais aussi de distribution doivent être rapidement améliorées, reconstruites

.

Le fait que de nombreux produits alimentaires sont importés (66 %) même si pour les biens de première nécessité les importations ont été réduites, explique en partie les ruptures de stock, mais pas ce n’est pas l’unique raison,ce sont des produits qui dégagent moins de bénéfices que les produits de luxe pour lesquels il n’y a ni pénurie, ni cola !

 

Gisèle Jean

Altamira Caracas

le 13 avril 2013

 

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