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15 avril 2013 1 15 /04 /avril /2013 17:15

Chroniques de Caracas : jour J pour les présidentielles

Derrière  une démocratie formelle,  une démocratie réelle ?

 

 

 Université de Caracas VENEZUELA 2011 171

 

Dès 5 h30 au lever du jour, l’agitation est sensible dans la cour du colegio Cristo Rey de Altamira     car le bureau de vote ouvre à 6 h. Après une nuit agitée et bruyante dans Caracas : un feu d’artifice à 4h du matin, des klaxons toute la nuit, des chants patriotiques qui montent des quartiers avoisinant, voici l’ouverture des bureaux de vote.

 

En amont du jour J depuis mercredi,   toutes les écoles publiques ou privées sont fermées et souvent transformées en bureaux de vote. Hier, le journal Ultimas Noticias (www.ultimasnoticias.com.ve) annonçait que 100 % des bureaux de vote étaient prêts soit 39 000  incluant des assesseurs représentant les candidats et 170 observateurs étrangers dans tout le pays.

 

 

Ni armes, ni vente d’alcool, fermeture des frontières.

Pour compléter l’organisation et s’assurer du bon déroulement des élections a été appliquée la ley seca, interdisant la vente d’alcool durant 48h, de18h hier samedi jusqu’à 18h lundi, obligeant les vénézuéliens à acheter leurs bière et leur rhum en avance et non pas à être sobres ! Durant la même période le port d’armes à feu ou d’armes blanches est interdit ainsi que les réunions publiques. Le frontières, notamment celle avec la Colombie, sont fermées depuis mardi 9, 6 h jusqu’à lundi 15 à la même heure.

 

El buen voto

Ce matin, la rue  du bureau de vote a été nettoyée et fermée à la circulation, des vendeurs de cafés, de cachapas se sont installés. Les premiers votants sont des hommes âgés, plus tard viendront les femmes et les couples, enfin les jeunes.

Ceux qui travaillent iront voter plus tard, mais si l’abstention est à l’image des discussions elle devrait être peu nombreuse. Chacun se souhaitant de faire de bien voter !

Hier soir, nous avons assisté à une discussion enflammée sur le trottoir à Dos caminos.  Echangeant sur les élections, gestes à l’appui, quelques vieux italiens émigrés des années 60-70 ont fini leur conversation en italien.

 

La sociologie du quartier est double d’une part viennent voter les habitants des très beaux immeubles proches de Plaza Francia, qui souvent ont fait campagne pour Capriles et d’autre part un électorat  très populaire à l’image du quartier entre l’avenue Francisco Miranda et l’autoroute et du barrio dont certains habitants ont affiché le portrait de Chavez.

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Un processus de vote complexe qui doit garantir la confidentialité du vote

La façon de voter a été diffusée par tract via le Conseil National Electoral (CNE) : l’électeur se fait identifier par sa carte d’identité et ses empreintes, une fois cette double vérification opérée, il  se dirige vers la table sur laquelle est posée la machine pour voter et identifie un candidat parmi les 7. Il  appuie sur la carte représentant le candidat choisi.  La machine émet alors un bulletin de vote  qu’il vérifie avant de le déposer dans l’urne. Puis la personne signe et trempe son auriculaire dans une encre indélébile.  Ainsi la même personne en peut voter une seconde fois et hier près de 18 millions de personnes avaient l’auriculaire bleu. C’est terminé !

 

Une polarisation sur deux candidats, les 5 autres sont des fantômes

Entre Maduro (PSUV et le Polo Patricotico) et Capriles ( MUD Mesa de la Unidad Democratica)le vote est simple, la campagne a tourné autour de ces deux candidats, les autres plutôt proches de l’opposition n’apparaissent que sur quelques rares affiches disséminées le long des grandes avenues. Ce sont Freddy Tabarquino (JOVEN), JulioMora (Unidad Democratica), Maria Bolivar ( PDUPL) , Reina Bequera (Poder Laboral)et Eduardo Mendez (Nuvipa).

 

D’un point de vue formel, les conditions d’un vote démocratique existent : des candidats divers, une organisation du vote limitant les difficultés et garantissant la confidentialité du vote. Cependant la polarisation  par les médias,  chaînes publiques sur Maduro, chaînes privées sur Capriles interroge sur la place et le rôle des autres candidats qui  n’accèdent à rien et n’obtiendront qu’un score mineur.

La constitution ne prévoit qu’un seul tour, ceci impose de passer des alliances, renforce le bipartisme et élimine toute idée très différente.

Mais la liberté d’opinion, c’est également l’existence d’associations qui portent des projets comme sur l’avortement, la possibilité de manifester librement, la place et le rôle des syndicats dans la construction d’une société plus juste.

 

Après 14 ans de pouvoir  de Chavez et 15 élections  le peuple Vénézuélien a  toujours la possibilité de pouvoir choisir un candidat et une politique réellement différente pour les 6 ans à venir dans le cadre d’élections libres.

Même si tout processus peut  et doit être amélioré, n’est ce pas ce que nous appelons en France des élections démocratiques ?

 

Altamira, Caracas  14 A

 Gisèle Jean

 

 

 

PS : Un grand merci aux spécialistes locaux qui ont corrigé et amélioré cet article le soir du 14 en attendant les résultats.

 

 

 

 

 

 

 

Littéralement la loi séche

c’est sur sorte de grosse crêpes à la farine de maïs qui se mange chaude avec du fromage par exemple.

le barrio au Venezuela signifie bidonville ou quartier très pauvre, même si par ailleurs il peut être très organisé.

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