Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
3 janvier 2013 4 03 /01 /janvier /2013 09:55

manif 1er mai rues de CaracasFace à l'aggravation de la situation de santé du président Hugo Chavez, réélu le 7 octobre dernier, c'est son vice président qui prend les commandes par la publication dans la Gazette officielle du 21 décembre dernier. 

 

Un président fragile  : 4 opérations à Cuba  en 18 mois

Lors de la dernière élection présidentielle, Hugo Chavez a choisi un nouveau vice président Nicolas Maduro. Proche de Chavez il avait été le premier a annoncé le 10 juin 2011 que Chavez était atteint d'une maladie. Chavez déclarera lui même, le 30 du même mois qu'il a une tumeur, nécessitant un traitement contre le cancer. Le 26 février 2012 , il subira de nouveau une seconde opération du fait de l'apparition de tumeurs malignes suivies de cinq sessions de chimiothérapie. Le 11 décembre dernier, c'est le président de l'Equateur Rafael Correa informe que Chavez doit être opéré. En effet de nouvelles cellules cancéreuses étant réapparues, le président est retourné à Cuba pour une nouvelle opération début janvier. 

C'est dans ce contexte que le vice président se voit attribuer des fonctions précises par la voie de la Gazette officielle. 

Nicolas Maduro : Un homme toujours proche du pouvoir 

 

Nicolas Maduro Moros est né à Caracas le 23 décembre 1962,  ministre des affaires étrangères depuis 2006. Marié à Cilia Flores, juriste, celle-ci a été la première femme présidente de l’assemblée nationale de 2006 à 2011.

Il a travaillé comme conducteur de bus, puis est devenu représentant syndical des ouvriers du métro de Caracas dans les années 1970 et 1980 au moment où les syndicats n’étaient pas autorisés. Il est un des fondateurs du mouvement pour la 5ème République (MVR).

Proche de Chavez dès le coup d’Etat raté de 1992, sa femme avocate,  assurera la défense de Chavez. Il participera activement à la campagne présidentielle de 1998.

En 1998, il est élu député pour le MVR, en 1999 à l’assemblée nationale constituante puis de nouveau en 2000 et 2005 comme représentant du district de la capitale.

En août 2006, il devient Ministre des affaires étrangères. Il soutiendra entre autre, le régime de Muammar Khadafi, de Bachar El Asad, mais il a également contribué aux négociations avec la Colombie.

Le 10 octobre 2012, il est nommé Vice président du Venezuela.

 

Le choix de Chavez

Le 8 décembre 2012, dans un discours à la Nation, le président annonce la reprise de son cancer et son départ pour Cuba afin de subir une opération d’urgence et suivre un traitement.

Si le 10 janvier, le Président Chavez ne peut être investi ou bien s’il ne peut tenir son mandat au moins durant deux ans, de nouvelles élections devront avoir lieu selon la constitution.

Dans cette éventualité Hugo Chavez appelle les Vénézuéliens à voter pour Maduro, désignant  pour la première fois un successeur et écartant du même coup,  un autre candidat potentiel Diosdado Cabello, un militaire.

 

Au vu des dernières élections présidentielles et régionales, le successeur désigné de Chavez bénéficie d'une assise confortable au cas où de nouvelles élections devraient avoir lieu.

 

 

Gisèle Jean 

 

Partager cet article
Repost0
3 janvier 2013 4 03 /01 /janvier /2013 09:47

    Une victoire pour les chavistes, malgré l'absence du leader.

source : CNE

 

Au delà d'une victoire écrasante qui confirme le vote de la présidentielle, le profil des vainqueurs renforce le lien entre l'armée et le pouvoir politique.

 

Une victoire écrasante

  Le parti socialiste Uni du Venezuela (PSUV) a désormais 20 gouverneurs (en rouge), et l'opposition 3 seulement (en bleu). Au total le parti de Chavez gangne 5 Etats de plus dont  11  avec plus de 60 % des voix  ce qui se dit en langage criollo  "como una pela".

L'opposition perd 4 bastions importants  le Zulia (le plus peuplé et riche en pétrole), Tachira , Nueva esparta et Carabobo.

Même Henrique Capriles Radonski, candidat aux présidentielles l'emporte de peu dans l'Etat de Miranda où il était déjà élu  (50,35 % des voix) contre un excellent candidat ex vice président Elias Jaua.

 

Même si la participation d'environ 54 %  a été plus faible que pour l'éléction présidentielle (80 %), les électeurs se sont déplacés pour élire à la tête des Etats de purs chavistes. 

L'abstention peut être interprétée comme un refus d'une bureaucratie locale souvent lourde et parfois corrompue.



Une victoire pour les militaires proches de Chavez :

Des 20 gouverneurs qui ont  gagné 11 sont des miliatires dont 4 ex minsitres de la défense (Rangel Silva, Mata Figueroa, Carrizález y García Carneiro),  un ex-ministre de l'intérieur et  exvicepresident de la Republique (Ramón Rodríguez Chacín) et un ex-ministre du secrétariat  de la Presidence (Francisco Rangel Gómez).Beaucoup ont participé avec Chavez au coup d'Etat de 1992.  comme Castro Soteldo, Francisco Ameliach y Vielma Mora.
Ce sont donc des fidèles, mais surtout ils sont à l'image du président qui aujourd'hui est absent pour des raisons de santé.

Les gouverneurs militaires sont :
-Apure: Ramón Carrizález
-Bolívar: Francisco Rangel Gómez
-Carabobo: Francisco Ameliach
-Guárico: Ramón Rodríguez Chacín
-Nueva Esparta: Carlos Mata Figueroa
-Portuguesa: Wilmar Castro Soteldo
-Táchira: José Vielma Mora
-Trujillo: Henri Rangel Silva
-Yaracuy: Julio León Heredia
-Vargas: Jorge Luis García Carneiro
-Zulia: Francisco Arias Cárdenas

 

Ce nombre important de militaires va renforcer le lien déjà fort avec le pouvoir politique dans lequel l'armée a déjà  une place particulière. A la fois considérée comme défendeuse de l'indépendance de la nation,en osmose avec le  patriotisme des venezueliens, lieu d'intégration d'un peuple pauvre, moins vilipendée que la police, ressource en cas de problèmes y compris sociaux, son nombre et sa notorioté se sont accrus durant les mandats de Chavez.

 

L'armée est un des piliers du socialisme bolivarien chaviste.  Rempart contre les attaques extérieures et intérieures (tentative de coup d'Etat) sa répartition sur tout le territoire et sa densité lui permettent d'avoir un poids considérable.

C'est une armée très populaire dans le sens où le peuple en fait partie que nombre de pauvres y trouvent un moyen de servir la nation, mais c'est également une armée qui répond à certains besoins sociaux de la nation.

 

La place donnée à l'armée dans le programme de Chavez était beaucoup plus important que celui de l'éducation par exemple.

 

 

Le modèle politique choisi limite les possibilités de développement autocentré.

Les élections du 16 décembre 2012 renforce ce modèle et garantit au régime quel que soit l'état de santé de Hugo Chavez une assise importante car le pouvoir des "régions" est important.

 

Gisèle Jean 18 décembre 2012

 


 

 

 

Partager cet article
Repost0
11 décembre 2012 2 11 /12 /décembre /2012 12:53

Contribution à une réforme de la construction et de la conception des programmes

 

 

Analyse de la construction des programmes en SES : trois modèles, trois conceptions de l’enseignant et de l’école.

Intervention le 24 novembre 2012 au débat Salon de l’éducation Paris Porte de Versailles.

 

 

Dans le débat sur la « Refondation » de l’école, la question des savoirs à enseigner, la sélection de ceux-ci, les modalités de choix et la justification de ces derniers me semblent essentiels.

Membre  Groupe technique disciplinaire (GTD) au moment où existait un Conseil national des programmes j’ai participé à la construction de programmes de sciences économiques et sociales de 1992 à 1998. Je tenterai de monter que la vision verticale descendante  qui prévaut désormais dans l’éducation nationale a eu un effet  sur la conception des programmes et reflète  à la fois une vision du métier enseignant et des choix d’école et de société.

  I . Comment poser la question des programmes ?

La question des programmes est souvent posée par les enseignants en termes de lourdeur et semble se résumer à ce que l’on ne peut pas faire en classe. D’où l’idée simple qu’il faudrait couper pour parvenir à faire le programme. Or, les difficultés dans la mise en œuvre des programmes sont le plus souvent le résultat du compromis passé au moment de leur construction.

Le programme est une mise en écriture, une mise en forme de savoirs (Chatel, 2005), résultant à un moment donné de l’histoire du champ ou des champs dans lesquels il s’inscrit, à la fois le champ du système scolaire, ceux du monde universitaire et de la profession. C’est l’analyse de ces trois champs et la façon dont les tensions se nouent qui peuvent éclairer les difficultés à construire un programme d’enseignement.

L’écriture des programmes est une construction sociale qui résulte de tensions multiples entre ces trois champs. Essayer de les mettre à jour sans manichéisme permet peut être de mieux comprendre les orientations actuelles et devrait permettre de proposer d’autres modalités pour la construction des programmes et donc pouvoir  mieux enseigner.

En résumé :

  1. Les programmes sont une mise en forme de savoirs
  2. Cette mise en forme a été et est l’objet de tensions dans des champs différents, portées par des acteurs multiples avant et au moment de leur conception
  3. La mise à jour de ces tensions permettra d’éclairer les choix opérés et de participer à un travail critique sur ce qui est à enseigner.

 

Cette analyse  s’appuie sur la sociologie des curricula, notamment ceux de Mickael Young (1971,2001) de Jean-Claude Forquin (1984), Samuel Joshua (1999) et d’Elisabeth Chatel (1999,2005).

La question des savoirs à enseigner, de leur transmission est relativement récente si l’on excepte les travaux d’Emile Durkheim dans L’évolution pédagogique en France, liant contenus d’enseignement et formes de l’institution éducative.  Le programme est le résultat de l’accord sur ce qui doit être transmis à la génération suivante. En cela il relève de choix politiques car c’est bien ce que choisit la société pour son avenir.

Dans une vision complémentaire, les travaux de Young et Bernstein vont montrer que la sélection et l’organisation des connaissances à l’intérieur du système d’enseignement sont l’objet d’enjeux sociaux entre acteurs. Le curriculum transmet des savoirs et aussi des façons de penser, des modèles culturels explicites.

C’est ce caractère socialement construit des curricula que j’examine ici. Ce qui est enseigné n’est ni naturel, ni jamais achevé, il peut être stabilisé à un moment donné pour une période donnée. Mais les savoirs ne sont pas non plus des données arbitraires et indépendantes de «  la valeur de vérité ». Tout ne se vaut pas. Par exemple la question du marché en économie est un thème important, mais la place relative dans les programmes, la façon de l’aborder (modélisée ou non) , le lexique choisit (régulation, défaillances , rapport à l’Etat) sont le résultat d’un choix .

Peu de travaux en France analysent ce lien entre les choix curriculaires et les évolutions sociales (Joshua 1999) or, ils permettent de comprendre quand et pourquoi certains choix ont été opérés et éclairent la démarche que peuvent adopter les enseignants.  Il me semble que comprendre les raisons des choix peut participer de l’enseignabilité des contenus sélectionnés.

 

II. Trois moments dans la construction des programmes de SES

 Mon hypothèse  est que  le mode de construction des programmes résulte de rapports sociaux, il est  la traduction dans la discipline scolaire de la conception de l’école et d’un modèle d’enseignant (plutôt concepteur ou plutôt exécutant).

Pour pouvoir analyser les types de construction des programmes, il est nécessaire de repérer les caractéristiques  objectivables de la production des programmes : appui sur un bilan préalable, longueur des textes, prescriptions, temps consacré à l’écriture, acteurs impliqués (nombre et fonctions), lien avec d’autres disciplines, avec l’évaluation, mise en œuvre d’une formation continue et sa nature. L’autre travail de mise à jour porte sur la nature des tensions à l’œuvre dans les différents champs évoqués plus haut.

En ce sens, il me semble possible de distinguer trois moments.

II. 1. Les premiers programmes de 1967 à1982.

Les contenus de ces programmes sont influencés par l’Ecole des Annales, ils sont à dominante économie et histoire économique mais à visée pluridisciplinaire. Ces programmes sont une innovation pédagogique mais surtout scientifique, ils s’éloignent des disciplines académiques (structurées à l’Université) pour rapprocher les disciplines sur un objet.

Les caractéristiques de leur fabrication sont les suivantes :        

les textes  des programmes sont  courts entre une demie page et une page,

la prescription est très faible

ce sont les Inspecteurs généraux qui font les programmes avec des universitaires mais dans le cadre d’une régulation interne au corps des enseignants en cours de constitution.

le temps consacré à l’écriture est bref, c’est la mise en œuvre pédagogique  qui est  l’objet de l’attention.

ce sont les stages de Sévres qui favorisent l’appropriation de ce qui est à enseigner, les méthodes d’enseignement et d’évaluation.

La fin des années soixante et le début des années 70 sont celles  de la croissance lente puis rapide de la section B : les nouveaux publics du lycée restent cependant des élèves sélectionnés : tout le monde n’entre pas en section générale.

Les enseignants sont peu nombreux et la socialisation est forte. Le corps enseignant s’approprie le programme par de multiples voies : la revue Dees, les stages de Sévres,  l’association professionnelle sont déterminants dans les façons de faire du texte du programme un texte enseignable, en construisant collectivement des outils (dossiers documentaires notamment).

Ce modèle peut être qualifié d’horizontal, dans le sens où  l’élaboration collective  des contenus à enseigner et des outils pour enseigner se développe sur un mode  d’échanges à l’intérieur du corps.

Les tensions extérieures au corps des SES. Elles sont de deux ordres :

 Celle qui sont internes au système éducatif :

du fait de la constitution d’une nouvelle discipline, les frontières avec d’autres disciplines vont se poser en termes de délimitation,  parfois conflictuelle, avec l’histoire géographie et avec la gestion.

L’imposition dans le système scolaire après 1968 de nouvelles méthodes de travail avec les élèves, fondées sur la pédagogie active (table en U, partir des questions des élèves, s’appuyer sur des documents et non uniquement la parole du maître…) vont parfois être difficilement acceptées dans les établissements dans lesquels la vision descendante du savoir et le modèle transmissif magistral ne sont pas remis en cause.

D’autres sont liées aux modifications des rapports de force dans les sciences économiques à l’université.

A la fin des années 70, avec le basculement du côté de la formalisation plus statique, mathématisée, moins keynésienne et marxiste et plus néoclassique, les économistes dominants le champ ne vont pas se reconnaître dans le et sociales. Utilisant les moyens de pression à leur disposition, relayés par quelques  personnages hostiles à l’existence de la discipline, ils obtiendront une révision des programmes plus proche de la science économique telle qu’elle commence à être déclinée dans les facultés de sciences économiques. Ceci entraînera la conception de nouveaux programmes. Cependant, le problème des années 80 est moins celui des programmes que celui de la survie de la discipline et de structures qui permettent de poursuivre la possibilité de conserver une filière identifiée.

 

II.2. Des années 85 aux années 2000 : un processus de rationalisation qui touche les programmes et  l’évaluation.

Avec la massification des études secondaires et une démocratisation de l’accès aux voies générales, arrivent en grand nombre des élèves en série B puis ES qui seront accueillis dans des classes très chargées (entre 35 et 40) par des nouveaux enseignants majoritairement issus des filières économiques.(Jean et Rallet 1995).

Dans le même temps, dès 1990, l’inspection de SES choisit de travailler sur les modalités d’évaluation et d’essayer d’expliciter ce qui doit être enseigné.

 En effet, les programmes écrits en une page sont développés dans les manuels scolaires qui intègrent les nouvelles connaissances théoriques. Cette tentative de clarification, d’explicitation des attentes se développera de deux manières : le groupe sur les objectifs de référence piloté par le ministère et les universités d’été dont la première fut celle du Touquet. L’inspection va essayer de réguler par les textes et l’accord collectif à la fois ce qui est enseigné et ce qui évalué. Dans le même temps se développe la formation initiale et continue des enseignants dans les IUFM nouvellement créés et une recherche en éducation en IUFM ou à l’INRP.

Si l’on considère la période des années 90 (90 à 98) c’est la seconde  période la plus productive dans la discipline en terme de bouleversements curriculaires ( programmes, évaluation, nouvelles options enseignées). La loi d’orientation de 1989  crée un conseil national des programmes qui va mettre en place des groupes techniques disciplinaires pilotés par un universitaire et composés  d’universitaires, d’inspecteurs généraux, IPR, formateurs et enseignants expérimentés ( les enseignants représentant 50 % des membres). Le poids respectif des acteurs variera selon les rapports internes aux disciplines, et les changements de ministre. L’Apses y sera représentée par deux membres, mais la majorité des enseignants  membres du GTD adhérent à l’association.

Le processus de rédaction des programmes entre 1990 et 1998 présentent les caractéristiques suivantes :

Les deux caractéristiques majeures sont le temps (très long) et l’aller retour entre la profession et les institutions chargées de l’élaboration et du suivi des programmes.

La confection de chaque programme prend entre 18 mois et deux ans à raison d’une réunion par mois. Cela laisse le temps de la concertation entre collègues, de la recherche sur des thématiques nouvelles, de l’échange avec le monde universitaire.

Un lien  fort avec le travail sur l’évaluation menée par l’inspection auquel participent des collègues issus de toutes les académies et l’association es qualité..Le travail se fait par expérimentation d’épreuves dans les classes puis bilan et révision.

Un lien avec les programmes de mathématiques (présence d’un membre de l’autre GTD)

L’introduction de trois colonnes thèmes, notions essentielles et notions complémentaires va conduire à préciser ce qui est attendu et à augmenter le volume écrit : entre 2 et 5 pages, avec des durées indicatives pour réaliser les parties.

La formation continue, soit entre pairs, soit dans le cadre des Mafpen, sera développée. Les programmes sont une priorité de la formation qui est faite avec un universitaire. Les membres du groupe d’experts peuvent être amenés à expliciter les choix.

Ce modèle de construction avec des allers retours entre GTD et la profession est fondé sur  une rationalisation de l’activité enseignante mais également la prise en  compte des pratiques réelles, ce qui est enseigné et peut ou doit être modifié. L’enseignant est considéré comme un concepteur, un professionnel. Ceci a permis de grands bouleversements des curriculums ( introduction de la sociologie à égalité avec l’économie, des grands auteurs d’économie et de sociologie, d’une part importante de sciences politiques et nouvelles modalités d’évaluation) tout en s’appuyant sur les recherche pédagogiques et didactiques ( notions clés travaillées de façon spiralaire  …). L’écart avec les savoirs académiques se réduit, les savoirs à enseigner s’élargissent, la rationalisation des activités se développe mais l’appui de la profession est possible du fait de l’association des enseignants à ces changements.

Ce moment me semble celui d’un modèle fondé sur la coopération.

Les tensions sont doubles :

- Internes au GTD :

* Sur la place et la légitimité des différents acteurs :

l’inspection de gestion quittera le groupe assez vite à la demande de l’APSES et avec le soutien du cabinet du ministre.

Entre IG et Apses sur des choix de contenus mais également du fait des modifications du rôle de l’IG sous la période Jospin puis Allègre.

* Sur les contenus :

La place  croissante de la sociologie sera imposée par Henri Mendras, changement que la profession entérinera progressivement avec le soutien de la formation continue et parce que de nouvelles questions vont pouvoir être introduites (cohésion sociale, justice sociale…).

Des notions seront retirées des programmes (la crise remplacée  par déséquilibres, les PVD sous la pression d’un économiste très orthodoxe ) d’autres feront l’objet d’affrontements qui seront souvent tranchés hors du GTD, au moment du passage en CSE en faveur de nos positions ( la notion de pouvoir, la répartition de la valeur ajoutée). Sous des arguments de scientificité ce sont des enjeux plus larges de la définition de ce que l’on doit transmettre à la génération suivante qui se sont révélés.

Les cabinets successifs ceux de L. Jospin, C.Allègre et F. Bayrou ont joué un rôle positif dans les changements acceptant d’accompagner ces modifications qui conciliaient la volonté d’innover en conservant l’identité disciplinaire dans laquelle se retrouvaient les enseignants.

En revanche de violents conflits ont opposé la discipline à  C.Allègre (en 1998) et l’équipe de direction de l’Apses au doyen de l’IG dont la tendance à accepter, voire accompagner les critiques du Medef devenait un obstacle au maintien d’une autonomie dans le choix des contenus à enseigner et des méthodes pédagogiques par les universitaires et le corps.

 

III .  Depuis le milieu des années 2000, la recherche de rationalisation s’est accompagnée d’un développement du prescrit au détriment du réalisable. La régulation s’opère par l’évaluation.

Les caractéristiques sont les suivantes :

Les programmes sont plus prescriptifs en terme d’indications complémentaires. « on montrera que .. » , et deviennent plus épais : 13 pages pour le dernier, dont 7 pour le tronc commun.

Le temps d’élaboration devient beaucoup est plus court (moins d’une année, voire quelques semaines dans le cas du programme de la classe de seconde).

Les enseignants des classes concernées sont très peu représentés.

La formation aux programmes se réduit à la relecture des documents ou à la visite d’un expert du programme qui délivre la bonne parole, voire les bonnes pratiques.

C’est le texte de l’évaluation qui devra résoudre les contradictions. L’évaluation modifiée en même temps mais sans concertation ni expérimentation impose un modèle d’enseignement à l’opposé des pratiques existantes : réduction de la mise en débat et choix de restitution de notions (pas toujours stabilisées par ailleurs).

 

C’est un modèle vertical de l’expert vers l’enseignant. La lecture des instructions officielles doit lui permettre d’adapter le programme à ses élèves en toute « liberté pédagogique ».

 

Les tensions se développent au sein du monde des enseignants de SES

La critique notamment du Medef sur les manuels convergera avec d’autres critiques. Grâce au soutien du doyen de l’inspection générale, quelques enseignants vont imposer un type de programme qui se veut plus proche des savoirs savants et plus éloignés des pratiques professionnelles. Sous couvert d’une plus forte légitimité scientifique, les programmes ont été modifiés dans le sens d’une prescription plus forte à un rythme soutenu, excluant toute parole de la profession, les rendant difficilement enseignables.  Faute de formation continue sur les nouveaux thèmes, de réflexion collective sur l’évaluation qui  modifie en profondeur les manières de faire cours, l’administration produit des textes pour expliciter. La rédaction des indications complémentaires renforce cet écart entre le prescrit et le réalisable.

 

 

Conclusion :

Ces trois moments de la construction des programmes en SES ne peuvent évidemment pas être généralisés aux autres disciplines, il existe une autonomie propre des disciplines scolaires mais les transformations ne peuvent être comprises sans un cadre incluant les grandes modifications de différents champs. Si les trois modèles dégagés peuvent se retrouver dans d’autres disciplines, pour autant ils ne le sont pas forcément au même moment tant le rôle spécifique des différents acteurs est important.

Néanmoins, de cette analyse nous pouvons dégager des propositions pour construire des programmes dans un curriculum de formation.

 Il est indispensable :

- de faire un bilan des programmes enseignés précédemment, des pratiques professionnelles des enseignants (ce qui suppose une recherche en éducation qui ne soit pas que de la recherche action prescriptive !)

- de prendre du temps pour faire les liens entre évaluation et contenus à enseigner,

- de faire des liens avec les autres disciplines au moment de l’écriture : histoire géo, philo, lettres, langues, et mathématiques

- de faire participer les enseignants à l’ensemble du processus, de les former, de  les aider à construire des outils pour enseigner.

- d’intégrer les avancées de la pédagogie, de la didactique de la discipline, de l’épistémologie.

 

 

Les innovations doivent être débattues, pensées avec les collègues et en tenant compte des pratiques existantes et non pas contre elles.

Pour cela les universitaires qui siègent doivent avoir une réelle légitimité, un chercheur en sciences de l’éducation est nécessaire, les enseignants doivent être pour moitié au sein du groupe mais indépendants des IPR qui peuvent siéger. Chaque nouvelle écriture doit être débattue dans un cercle plus large et expérimentée.

Chaque changement doit être justifié d’un point de vue pédagogique, scientifique et pensé en cohérence avec les différents niveaux d’enseignement.

Derrière cette construction coopérative  se dégagent une conception des enseignants  comme concepteurs et un projet pour des élèves dont on souhaite développer la capacité à s’approprier des savoirs pour avoir un regard critique sur  le monde.

 

 

Gisèle Jean

Bibliographie indicative

Chatel E. (1994), Les programmes de sciences économiques et sociales, des constructions à tout faire. in Demonque C. Qu’est ce qu’un programme d’enseignement ? CNDP Hachette.

Chatel E. (1999), Légitimité savante et valeur scientifique dans l’enseignement des SES, une approche critique du concept de transposition didactique, Revue DEES 116, CNDP

Chatel E. (2005), L’évaluation d l’éducation et l’enjeu des savoirs, HDR Paris 8

Forquin J.C. (1984), Forquin Jean-Claude. La sociologie du curriculum en Grande-Bretagne : une nouvelle approche des enjeux sociaux de la scolarisation. In: Revue française de sociologie. 1984, 25-2. pp. 211-232.

Jean G, Rallet D. (1995), Qui sont les enseignants de SES ?, DEES  , CNDP

Jean G. (2008), Les SES dans la tourmente », Cahiers pédagogiques, 461

Jean G, Rallet D. (2009) Une conception innovante des programmes, Cahiers pédagogiques 472

Joshua S. (1999), L’école entre crise et refondation, La dispute.

MooreR.  Young M.(2001), Knowledge and the Curriculum in the Sociology of Education: Towards a Reconceptualisation, British Journal of Sociology of Education, Vol. 22, No. 4, The Sociology of the Curriculum (Dec., 2001), pp. 445-461 ed Taylor & Francis

Young M.F.D., (1971). Introduction. Knowledge and Control. In Young ed. (1971), p (1-17).

Young M.F.D., (1971). An Approach to the Study of Curricula as Socially Organized

Knowledge. In Young, p. (19-46).

 

 

  A la fois celui d’une formatrice en IUFM en SES durant près de 20 ans et en sciences de l’éducation, ex directrice adjointe du second degré à l’IUFM Poitou Charentes,  j’ai pu observer et analyser les difficultés des jeunes collègues à comprendre certains items des programmes et les raisons de ces problèmes.

  Comme directrice du site de Poitiers, connaissant bien le premier  degré, j’ai été amenée à constater la difficile mise en œuvre des programmes de 2007, 2008. Par ailleurs, ou en complément, j’ai participé au groupe de recherche d’Elisabeth Chatel à l’INRP, jusqu’à ce que cette institution ne soit l’objet de plus d’opprobre qu’elle ne le méritait et soit « restructurée » au moment de sa délocalisation à Lyon, entraînant la disparition d’une partie de la recherche en éducation en lien avec le terrain. Ce qui prévaut aujourd’hui dans notre pays c’est de la recherche à visée utilitaire « les chercheurs cherchent, le enseignants appliquent »,  le discours porte sur la « résistance » des enseignants à mettre en œuvre  les « innovations » plutôt que sur les raisons de ces résistances.

Le nombre d’universitaires reconnus dans la profession est moindre que dans les groupes précédents notamment du fait de démission comme celle de F. Dubet.

Le Président de l’Apses a lui aussi démissionner en désaccord avec les choix imposés.

Partager cet article
Repost0
5 novembre 2012 1 05 /11 /novembre /2012 13:28

 

A la rentrée 2012, la réforme de la formation des enseignants initiée par Sarkozy et Luc Chatel est toujours en place. Les jeunes enseignants reçus au concours n'ont que quelques heures de formation par semaine 3h pour 15 heurEs de cours. 

Cette vidéo a été réalisée fin août à l'EMI (école des métiers de l'information) avec la contribution de Claire stagiaire à Paris qui a été auparavant contractuelle 5 ans, Marjorie Galy TZR à Strasbourg et présidente de l'Apses, Erwan le Nader enseignant dans l'acdémie de Créteil et Philippe Wtarelot président des CRAP et formateur IUFM. 

Caméra : Hubert Ho, journaliste

Montage : Amandine Blanc et Gisèle Jean 

Production : Gisèle Jean

Partager cet article
Repost0
5 novembre 2012 1 05 /11 /novembre /2012 12:16

 

Elu démocratiquement depuis 1998, le président Chavez  a annoncé vouloir rompre avec l’alternance entre élites, la répartition inégalitaire de la rente pétrolière  et tenté de construire un nouveau modèle la révolution Bolivarienne.

 SANY0102

Superficie : 912 050 km2

Population : 28 millions d’habitants dont 94 % urbine

Caractéristique : Premier producteur de pétrole d’Amérique du Sud, déclare les plus grandes réserves au monde de pétrole.

Président : Hugo Chavez : élu en 1998, 2000,2006 et 2012.

 

 

Le  7 octobre 2012, 15 millions d’électeurs se sont rendus aux urnes au Venezuela, avec un taux de participation de 80 %. La victoire obtenue par Hugo Chavez avec 55,25 % des suffrages exprimés soit 8 136 000 voix est nette  avec plus de 10 points d’écart, il devance Henrique Capriles Radonski, et ce, dans 20 des 22 Etats que compte le pays.

Pour comprendre ces résultats, la situation actuelle à la veille d’autres échéances électorales, nous ferons un retour sur l’histoire du Venezuela, des choix opérés par Chavez, en montrant à la fois les éléments de continuité et de rupture dans les domaines  politiques, économiques et sociaux.

 

Une démocratie récente 

 

 De  la dictature à la démocratie bipartiste

La première moitié du XX ème siècle est dominée par cinq dictateurs tous originaires de l’Etat de Tachira dans les Andes. Celui qui marquera le plus longtemps l’histoire, de 1908 à sa mort en 1935, est Juan Vicente Gomez. Il supprima le Parlement et  monopolisera le pouvoir, bénéficiant de la découverte du pétrole en 1914 et son exploitation dès 1920. Cependant le pétrole ne profite pas au citoyen, la majorité de la population vit dans la pauvreté.

Après 1945, un court intermède  voit la mise en œuvre d’une nouvelle constitution démocratique, un coup d’Etat y mettra fin. Une nouvelle dictature celle du colonel Marcos Perez Jimenez prendra le contrôle du pays, écrasant toute opposition. Les inégalités très importantes vont conduire à un coup d’Etat en 1958 par une coalisation de civils et de militaires permettant la mise en place d’élections démocratiques.

 

De 1958 à 1998 : une stabilité politique relative fondée sur la rente pétrolière

De  1958 à 1998, les présidents sont élus pour 5 ans directement par les citoyens, dans une alternance bipartiste,  fondée sur  un accord formel appelé « Punto Fijo » entre les élites se partageant le pouvoir. Mais le Venezuela doit surtout sa stabilité à  l’existence de la rente pétrolière. En effet de 1952 à 1973, véritable âge d’or, le pays connaît une croissance de 6 % par an, avec une très faible inflation 1,7 %, ce qui en fait une des économies les plus performantes au monde. Les revenus pétroliers permettent le développement d’une classe moyenne qui soutient la démocratie en votant soit pour le parti social démocrate (Accion Democratica, AD), soit pour le démocrate chrétien (COPEI). Le choc pétrolier de 1973, bien qu’augmentant la manne pétrolière de façon considérable, sera à l’origine de nombreux problèmes ultérieurs. Le président Carlos Andres Perez, voudra accélérer le processus d’industrialisation en endettant très fortement le pays. En 1989, il lance en février un important programme d’ajustement structurel sous l’égide du FMI, dit El paquete, comprenant une dévaluation de 170 % et une hausse des tarifs publics. Des émeutes éclatent et le 27 février la répression fait plus de trois cent morts (voire 3000 selon les sources). Cet épisode sanglant toujours présent à l’esprit des Venezueliens est appelé le « Caracazo ».

 C’est dans ce contexte que le lieutenant colonel Chavez va tenter un coup d’Etat le 4 février 1992. Diplômé de sciences politiques, créateur d’un Mouvement bolivarien révolutionnaire, il tente de renverser un pouvoir désavoué et corrompu. Son échec le conduira en prison et  fera de lui un héros dans les classes populaires et la gauche. La campagne électorale de 1998 se déroule sur fond de crise fiscale, de montée du chômage, d’inégalités extrêmes. Chavez dénonce « le totalitarisme économique du néolibéralisme sauvage » et se déclare le candidat des pauvres. Ralliant les couches moyennes, soutenu à gauche par  le pôle patriotique, la victoire de Chavez aux présidentielles, est éclatante. Pourtant, l’opposition ne désarmera pas, il subira en avril 2002 une tentative de pusch subventionné par les milieux d’affaires. L’assemblée nationale est dissoute, le patron des patrons Pedro Carmona prend la tête du pays. Grâce à la mobilisation de la population et au soutien des forces armées, Chavez reprend le pouvoir deux jours plus tard.

L’opposition tentera alors  une grève générale en décembre 2002, paralysant l’industrie pétrolière, notamment, pendant 63 jours.

Vainqueur du référendum de 2004 qui renforce son pouvoir, puis des élections de 2006 face à un candidat Manuel Rosales, Chavez obtient 63% des voix. En 2007, les députés accordent à Chavez des pouvoirs spéciaux et depuis 2009, un référendum en sa faveur lui donne la possibilité de se présenter au-delà de deux mandats consécutifs. En 2010, les élections législatives donne 60 % des sièges au Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV), créé à l’initiative de Hugo Chavez.

 

L’élection d’octobre 2012 : mobilisation et participation record dans les deux camps.

En  février 2012, l’opposition se structure et choisit lors de primaires très médiatisées auxquelles participent trois millions de votants, un candidat unique Henrique Capriles Radonski. Sa campagne électorale s’inspire du modèle de Chavez : visite de barrios (quartiers pauvres) dans tous les Etats, meetings, voire manifestations de masse (20 mai, 30 septembre à Caracas). Il peut  s’appuyer  sur des moyens de communication importants comme le groupe de presse de sa famille qui détient une partie des journaux  populaires et de télévision privés. Soutenu par la classe supérieure et une partie des classes moyennes,  il a su rendre crédible une alternative et mobiliser  sur les critiques à l’encontre du régime chaviste. Il a obtenu  44 % des suffrages exprimés, résultats certifiés par l’Organisation des Etats américains et de nombreux observateurs  au Venezuela.

Depuis son arrivée au pouvoir, le président vénézuélien a remporté 13 des 14 scrutins  dans le pays, mobilisant très fortement les couches populairs. Les prochaines élections, celles des gouverneurs se dérouleront en décembre prochain ne sont pas pour autant gagnées pour le camp chaviste car de nombreux problèmes existent.

 

La construction d’un nouveau modèle : la Révolution Bolivarienne et ses limites

La commission des Nations Unies pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPAL) estime que les inégalités ont baissé de façon plus rapide que pour le reste de la région. Les résultats de l’administration Chavez sont probants dans le domaine de la pauvreté, réduite de moitié car  les dépenses sociales par tête ont triplé. Le fait le plus marquant lorsque l’on découvre le pays c’est la quasi inexistence de mendiants, les enfants vont tous à l’école, ne travaillent pas.

La révolution bolivarienne : entre nationalisme et référence au socialisme

Hugo Chavez a construit un mouvement fondé sur une doctrine nationaliste de gauche baptisée bolivarisme, en référence à Simon Bolivar, personnage quasi mythique, révolutionnaire du XIXème siècle, auquel il ajoute une référence le castrisme.

Dès son élection en 1998, il va développer le volet de politique extérieure pour consolider sa position en luttant contre les forces néolibérales en Amérique et en créant progressivement des alliances avec les autres pays d’Amérique Latine et des Caraibes. Il joue un rôle désormais essentiel dans la politique d’indépendance de l’Amérique Latine. A l’extérieur de l’Amérique Latine il a soutenu les opposants aux Etats Unis, Khadafi, Bachar el Assad, Poutine, la Chine qui échange du pétrole contre des produits.

Lors de son discours du «  décembre 2006, Hugo Chavez annonce que le pays va désormais s’orienter vers le socialisme afin d’approfondir la justice sociale et l’égalité. Il va accélérer le processus de nationalisation, de confiscation et redistribution du secteur privé, des terres, développer les missions sociales. Celles ci vont se multiplier répondant à des situations d’urgence en matière d’alimentation, de santé,  d’éducation,  de lutte contre le chômage,  d’aide aux jeunes mères pauvres, de logement. Toutes les missions dépendant directement des décisions de Hugo Chavez, financées par la manne pétrolière, via PDVSA (l’entreprise productrice de pétrole). Elles ont permis une amélioration de la vie des plus démunis, sans pour autant garantir des droits pérennes.

Les réussites dans les domaines sociaux :  santé gratuite via l’aide des cubains, élimination de l’analphabétisme même si les écoles privées sont légion,  établissement d’un réseau non lucratif de distribution de nourriture le Mercal, souvent importée, intégration dans une Amérique latine souveraine et le développement d’une démocratie participative notamment dans les barrios.

 Chavez souhaite un autre mandat pour « approfondir la révolution bolivarienne » dans cinq domaines : la consolidation de la souveraineté nationale, la poursuite de la construction du « socialisme bolivarien du 21 ème siècle », la conversion du pays en puissance latino-américaine, la promotion d’un ordre multipolaire capable de garantir la paix, et la préservation de la vie sur la planète et le sauvetage de l’espèce humaine. Pour atteindre ces objectifs Chavez devra résoudre un certain nombre de contradictions internes et résoudre des problèmes urgents.

 

La rente pétrolière réduit la pauvreté mais n’enclenche pas un modèle de développement endogène

Le Venezuela est le 5 ème producteur de pétrole, 45 % de son PIB dépend du pétrole.  Entreprise nationalisée, la moitié des recettes de l’entreprise PDVSA sont consacrées aux dépenses sociales, puis à l’investissement industriel, mais assez peu pour l’entretien et l’amélioration de la productivité, d’où des accidents récurrents véritables catastrophes écologiques, comme en février dernier dans le delta de l’Orénoque.

Ce qui frappe c’est le manque de cohérence des politiques suivies, l’utilisation de la rente pétrolière à court terme avec peu de vision à moyen et long terme, poursuivant en cela les modèles précédents, même si les bénéficiaires sont différents.

Une société duale entre quotidien de gestion de la  pénurie et  modèle de consommation américain

Les problèmes auxquels doit faire face la révolution Bolivarienne sont faciles à repérer car les Vénézuéliens et notamment ceux des grandes villes, sont prompts à engager la conversation sur leurs difficultés face à la corruption, à la bureaucratie, aux problèmes d’approvisionnement en nourriture et en énergie et  surtout l’insécurité.

Le quotidien est marqué par la « cola », érigée en mode de vie. La cola (la queue)  pour se déplacer le matin ou le soir dans le métro,  faute de lignes en nombre suffisants, la cola sur les routes, dans les banques faute de système  informatique performant et du fait d’une forte bureaucratie (ouvrir un compte demande tant de papiers, de certificats que cela relève d’une prouesse), la cola lorsque l‘annonce d’un produit tel que le lait vient à manquer (la semaine suivante ce sera le café , l’huile).

 A l’instar des pays socialistes de l’Europe de l’Est, la cola est la partie visible d’un système économique et social qui conduit la population à passer une partie de son temps, à attendre. Economie de pénurie qui doit plus à une incompétence grave de gestion, à une bureaucratie, à une faible productivité  qu’à un blocus des Etats-Unis et des pays capitalistes.

Le mode de développement fondé quasi exclusivement sur la rente pétrolière et ce depuis de très longues décennies a conduit à sacrifier l’agriculture et ce ne sont pas les nationalisations des terres qui règlent la question. En redistribuant les terres à des personnes qui n’ont ni les connaissances, ni les moyens techniques de produire, le gouvernement a fait chuter une production déjà insuffisante. En raison du mode de consommation de plus en plus tourné vers les produits de grande consommation internationaux, les importations progressent sans cesse et pèsent sur le déficit et donc les capacités d’investissement du pays.

Certes la Chine, les pays d’Amérique Latine prennent une place importante dans les échanges sur la base de pétrole contre produits industriels, agricoles, investissements, mais les Etats-Unis restent le principal partenaire commercial.Le modèle de consommation des classes moyennes et d’une partie des classes populaires est essentiellement Nord Américain ( c’est le pays qui a le plus de blackberry par habitant au monde). Si le nationalisme est sans cesse présent (drapeau, hymne) pour autant, la culture dominante est bien celle des gringos. Les domaines les plus visibles sont l’alimentation, le nombre de fast foods est impressionnant, mais également celui des transports fondés sur la voiture à forte consommation d’essence, celle-ci étant quasi gratuite, moins d’un euro le plein.

 

Pauvreté persistante et bolibourgeoisie

La coexistence d’un discours « socialiste et révolutionnaire », d’un président qui vilipende les riches avec l’ostentation, le luxe, l’exhibitionniste des hommes d’affaires, des banquiers, de certains élus n’est pas le moindre des paradoxes.  Le discours nationaliste anti américain est très présent, y compris de la part des couches favorisées qui vont faire leurs emplettes à Miami. La bolibourgeoisie, ce sont ces classes très favorisées  traditionnellement issues du monde économique privé  (le secteur privé est croissant) auxquelles s’ajoute une  nouvelle classe de dignitaires du régime, bureaucrates qui  exhibent leurs richesses (yacht sur les plages, résidences de grand luxe, avion privés,  plages privées) côtoyant un peuple vivant des missions sociales ou d’une couche moyenne qui travaille  durement, dans des conditions difficiles. 

 

Une violence croissante qui pèse sur les droits de l’homme

Selon le rapport du CIRH (Commission interamérique des droits de l’Homme) l’insécurité est la préoccupation première des vénézuéliens. L’observatoire de la violence vénézuélienne (OVV) note la montée des homicides, des kidnappings, des exécutions. En 2010, Amnesty international dénonce le fait que 200 personnes environ ont été tuées par la police et 500 cas de tortures. Selon les chiffres officiels diffusés par la Mission A todo Vida ce sont 50 meurtres pour 100 000 habitants,  soit au total 19 000 homicides par an et un nombre croissant d’agressions. Ces violences résultent d’une part des nombreuses armes en circulation, même si des plans de retrait des armes sont en cours et d’autre part du faible taux de poursuite et de pénalisation.

Violences également  à l’encontre des travailleurs et syndicalistes dont 181 furent assassinés entre 2007 et 2010 dont la responsabilité incombe aux mafias. Les journalistes, les défenseurs des droits de l’homme subissent  également des violences qui restent également impunies car il n’y a ni enquête ni sanction.

La démocratie participative, prônée par Chavez trouve des limites face à une bureaucratisation croissante mais également d’un refus d’une oligarchie de toute contestation. Certains droits ne sont pas reconnus comme le droit à l’avortement.

La surpopulation carcérale avec un taux d’occupation de 356% et la criminalité qui est liée déclenchent des émeutes régulièrement comme cette année à Caracas.

En décidant en septembre 2012, de retirer le Venezuela de la commission interaméricaine des droits de l’homme et de la cour interaméricaine des droits de l’homme, Chavez fragilise les démocrates de son propre pays, leur rendant impossible l’accès à cette instance supra nationale pour faire valoir leurs droits lorsqu’ils ne peuvent le faire dans leur propre pays.  

 Et maintenant ?

Le choix de la lutte contre la pauvreté via les missions sociales financées par les revenus du pétrole a cependant un revers, il occulte les  réels problèmes internes  auxquels doit faire face la « révolution bolivarienne » après 14 années de pouvoir.

Le nouveau président doit choisir et vite : soit un modèle de développement construit dans la durée, alliant développement industriel et agriculture, services, permettant de réduire de façon durable les inégalités sociales, économiques, culturelles accordant un poids véritable aux forces syndicales, aux salariés, aux groupes sociaux ou bien rester dans la distribution de la manne pétrolière modèle de la culture rentière qui engendre des cercles vicieux de non développement mais conduit à importer toujours plus et à réduire l’indépendance économique,  favorisant une bolibourgeoisie et une bureaucratie florissantes

 

      Gisèle Jean le 5 novembre 2012

Cet article a été rédigé pour la Ligue des Droits de l'Homme

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
13 octobre 2012 6 13 /10 /octobre /2012 14:46

Tribune parue dans le quotidien l'Humanité des 12 et 13 octobre 2012

sous le titre "Par quelles voies passe la démocratisation de l'école ?"

 

 

Démocratiser l'école en améliorant la qualité de la formation des étudiants et des enseignants

 

Dans le cadre de la refonte de la formation des enseignants et de l'école, trois axes sont déterminants.

 

De la nécessité de pré recrutements...

 

Si les arguments quantitatif, l'insuffisance d'un vivier, ou qualitatif en terme de mixité sociale sont souvent mis en avant, la première raison qui plaide pour un prérecrutement est qu'il faut de très bons enseignants recrutés parmi les meilleurs élèves et étudiants, pour l'école de demain.

Ce sont les bons enseignants qui  permettront d'élever le niveau de savoirs de l'ensemble de la  nation. Prérecruter le plus tôt possible les meilleurs élèves, notamment de milieux sociaux très divers permettraient d'assurer des étudiants dans les filières peu choisies et de stabiliser les conditions de vie  des jeunes de milieux défavorisés ou qui souhaitent être indépendants de leurs familles.

La difficulté aujourd'hui pour les jeunes de milieux populaires est d'entrer à l'université et d'obtenir une licence. Pour leur permettre de devenir enseignants, il faut prérecruter une partie dès le bac, et tout au long de la licence.

 

Le prérecutement a un coût immédiat, mais c'est un investissement pour la nation. La réalité aujourd'hui est un gâchis : des postes non pourvus faute de candidats, des élèves face à des vacataires envoyés non formés souvent en zone difficile, des étudiants qui ont des difficultés matérielles à suivre l'ensemble des cours.

Ceci se ressent sur la qualité de la formation acquise, ainsi que sur sa durée. Pré-recruter permet de former mieux et plus rapidement.

Améliorer la formation, c'est donc donner de bonnes conditions d'études dès L1 pour suivre tous les cours dispensés et passer le concours  quelque soit le milieu social d'origine. Il ne suffit pas de dire que l'on souhaite de la mixité sociale, il faut en créer les conditions. De ce point de vue, les « contrats d'avenir pour futurs enseignants » sont une fausse solution, pénalisant les étudiants en difficulté financière. Ce ne sont pas des prérecrutements, tout au plus un pis aller risquant de creuser les inégalités scolaires. Cette mesure va à l'encontre d'un processus de démocratisation de l'université.

 

Donner de la lisibilité à moyen terme un projet pour refonder l'école

Les prérecrutements n'ont de sens que s'ils reposent sur une réelle volonté politique, visible, de refonder l'école. Il faut donner l'envie de devenir enseignant,  de  revaloriser le métier pour le rendre attractif tant du point de vue financier, que des conditions d'exercice. Conforter le métier c'est la possibilité pour les enseignants de maîtriser à un haut niveau des savoirs disciplinaires, mais également des savoirs scolaires à enseigner et des savoirs pour enseigner. L’ensemble ne peut se concevoir sans une liberté pédagogique, un travail en équipe et une  collaboration avec l'encadrement. Réduire la pression sur les enseignants et les tensions au travail permettrait d'accroître la qualité de l'enseignement.

 

Stabiliser les structures de formation des enseignants et leur permettre d'assurer de nouvelles missions

les IUFM ont vu leurs moyens et missions s'étioler depuis leur création. Ils se sont vu reprocher de ne pas être assez « universitaire » alors qu’ils étaient privés de possibilités de mener de véritables recherches en éducation. Ils ont été dépouillés des missions de formation continue au profit des inspecteurs, devenus à la fois formateurs et évaluateurs. Leur intégration dans l'université les a privé de moyens garantis et a conduit à un démantèlement des équipes.

Il est temps de construire des structures stables aux missions clarifiées  sur la formation initiale et étendues en matière de formation continue, de recherche en éducation. Cela suppose un financement garanti et des équipes pluricatégorielles indépendantes hiérarchiquement des rectorats.

Les nouvelles Ecoles du Professorat et de l’Education ont vocation à intervenir dans les parcours de préprofessionnalisation, à piloter les masters d'enseignement, à développer seuls ou en partenariat avec d'autres composantes de l'université des préparations aux concours.

Elles doivent accueillir les personnes désirant se reconvertir, pouvoir assurer la formation pédagogique des personnels de l’université, être maître d’ouvrage de la formation continue, en partenariat avec le rectorat et les autres composantes de l'université. Il est vital aujourd'hui que la recherche soit diffusée auprès des enseignants, la formation doit y contribuer pleinement. La formation des formateurs (tuteurs, conseillers pédagogiques) est urgente. Des formations qualifiantes débouchant sur la délivrance de master de l'éducation doivent être proposées.

Ces missions doivent être inscrites dans la loi d’orientation, pas seulement faire l'objet d'un arrêté sous forme de cahier des charges facilement modifiable. 

Parce que la formation des enseignants est liée à l'école que nous voulons, il faut l'inscrire dans une loi ambitieuse pour relancer une véritable démocratisation.

 

Gisèle Jean, Claire Pontais syndicalistes.

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
13 octobre 2012 6 13 /10 /octobre /2012 14:30
Chaviste ou non-chaviste le Venezuela coupé en deux

Paru dans la Nouvelle République le 

06/10/2012 05:38
Par Philippe Bonnet
Gisèle Jean vient de passer une année au Venezuela.
Gisèle Jean vient de passer une année au Venezuela.

Militante politique poitevine, Gisèle Jean a passé un an dans le Venezuela de Hugo Chavez, où on vote dimanche pour la présidentielle.

Dimanche prochain, les Vénézuéliens sont appelés à dire si Hugo Chavez doit faire un troisième mandat (il est élu depuis 1999) à la tête du pays. A Poitiers, une observatrice privilégiée nous dit ce qu'elle en pense. Gisèle Jean, ex-tête de liste du Front de gauche aux élections régionales de 2010 en Poitou-Charentes, revient d'une année à Caracas, la capitale, où elle était enseignante au lycée français.

Les médias français rendent-ils bien compte de la situation au Venezuela ?

Gisèle Jean : « Les journalistes français sur place couvrent bien l'info. Mais leur production intéresse plus la Belgique ou la Suisse. En France, on est trop centré sur nous-mêmes. »

Et les médias vénézuéliens ?

« Là-bas, le monde se divise en deux. Soit vous êtes pour Chavez, soit vous êtes contre lui. Les médias suivent cette règle. Il y a d'un côté la presse « officielle », donc chaviste. Mais, le journal le plus populaire, Ultima Noticias, appartient à la famille du candidat de l'opposition, Henrique Capriles. Ce qui manque, c'est une information " entre-deux ". »

Pourquoi Chavez plaît-il à la gauche de la gauche chez nous ?

« Parce qu'il représente un contre-pouvoir aux États-Unis. Ce qui est une réalité. Les autres pays puissants d'Amérique du Sud, Brésil, Argentine, Équateur Bolivie, etc. profitent de ce leadership.
Ici, ses positions de politique étrangère, en faveur de Khadafi ou El Assad nous restent en travers de la gorge. Mais, vu d'Amérique du sud, c'est un leader incontournable. »

Et pourquoi est-il en tête des sondages au Venezuela ?

« Parce qu'il a réussi à éradiquer la grande pauvreté en distribuant l'argent du pétrole nationalisé. Les pauvres, les vieux, les femmes et les enfants ont profité de ce système. Mais il est passé à côté d'une vraie politique de développement à long terme, qui prendrait en compte les classes moyennes et passerait par le développement d'une éducation de qualité. »

Le fait qu'il cumule des mandats dans la durée ne pose-t-il pas un problème ?

« Le pays s'en accommode parce qu'il n'y a pas d'autre leader. Les Vénézuéliens apprécient le côté imprécateur de Chavez, et son discours extrêmement politique, quand il développe sa vision du socialisme du XXIe siècle. Selon moi, ça manque pourtant d'un discours économique et prospectif. »

Qui est son concurrent, Henrique Capriles ?

« Il joue sur sa jeunesse et côté libéral, tout en promettant au peuple de continuer à assurer les missions sociales avec l'argent du pétrole. C'est un peu contradictoire. Il représente les gens plus aisés. »

Propos recueillis par Philippe Bonnet
Partager cet article
Repost0
12 octobre 2012 5 12 /10 /octobre /2012 16:43

Jeune fille Yanomami12 octobre : Découverte de l'Amérique par Christophe Colomb, jour de la « race » ou journée de la résistance indigène ?

 

Le 12 octobre 1492, Christophe Colomb découvre une terre qu'il baptisera Amérique.  C'est le début d'une longue colonisation, de massacres perpétrés contre les indiens qui peuplaient le continent, au nom d'un Dieu chrétien.  Cependant c'est un jour de fête dans de nombreux pays d'Amérique latine comme au Mexique.

Au Venezuela le dictateur Juan Vicente Gomez décrétera ce jour le jour de la race (Raza), occultant un des génocides les plus importants de l'histoire de l'humanité. En détruisant les hommes, les cultures c'est une partie de l'humanité qui a disparu.

Pourtant ces peuples se sont révoltés, ont lutté et luttent encore aujourd'hui pour maintenir leur façon de vivre dans un monde souvent hostile. 

Selon les gouvernements, selon les territoires laissés aux entreprises multinationales, aux paramilitaires, selon la loi, il ne fait pas  toujours bon d'être indien aujourd'hui en Amérique centrale ou latine : Indiens Mapuches, dans des réserves, dont la culture et l'existence est niée hors des réserves, indiens Yanomamis dont les territoires sont aujourd'hui pillés au Brésil et qui se replient vers le Venezuela, Indiens reconnus désormais comme citoyens à part entière en Equateur et au Venezuela.

 

Depuis 2002, le 12 octobre est devenu le jour de la résistance indigène. Les peuples indigènes qui ne représentent qu'une très faible partie de la population sont répertoriées en 27 ethnies possédant chacune des langues propres.

La loi organique des peuples et communautés indigènes, la Locpi est un outil juridique que le gouvernement de Chavez a créé en s'appuyant sur le travail des communautés indiennes pour obtenir des droits. Cette loi promulguée en 2005 est très complexe ; si elle reconnaît les droits des peuples indiens, elle ne résout cependant pas un problème essentiel celui de territoires, des communautés et de leur délimitation.

 

L'autre problème actuel est l'accélération des changements internes aux communautés qui du fait de la diffusion des modes de communication de masse via la mise en place de l'électricité partout, la diffusion de biens de consommation comme les télévision machines à laver, mais également la bière conduit à un phénomène non pas d'uniformisation mais de restructuration des modes culturels ancestraux.

 

Deux exemples :

Mon séjour en avril 2012 chez une communauté fermée Yanomami (pas d'école, peu de pratique de l'espagnol) s'est effectué au moment où cette communauté nomade venait de recevoir des panneaux solaires, dont elle ne savait que faire vu son mode de vie. 

 

Retournant en mai à 5 mois d'intervalle dans une communauté Piraoa qui avait établi son habitat en palmes le long du fleuve Orénoque, j'ai découvert une partie du village en dur. Le gouverneur payait les hommes du village pour monter des maisons préfabriquées avec  un toit d'évrit, au mépris de tout ce qui a fait les modes de vie précédents. Prudente la communauté avait choisi de conserver son ancien habitat qui résiste mieux à la chaleur, mais pour combien de temps ? 

 

Ce qui est certain c'est que les lois ne suffisent pas et l'attitude des politiques visant à s'assurer des voix aux élections contribuent à détruire les possibilités de maintenir vivants certains éléments de la culture indigène.

 

Un troisième exemple pour finir plus optimiste : 

En décembre 2011, accueillis par une communauté Piraoa, l'instituteur du village a fait ses études à Puerto Ayacucho (chef lieu de la région Amazonas) puis est revenu dans sa communauté; il enseigne l'espagnol et le piraoa; son idée est de faire connaître la culture à ses élèves. Il avait monté un projet autour de la place de l'eau dans cette culture avec les parents. 

je lui avais apporté des photos qui dataient des années 50, il a été très surpris ne connaissant pas ou peu lui même une grande partie d leur histoire. 

Cette communauté est reliée aux autres communautés Piraoa, elle a un chef de communauté qui a des projets pour son peuple; il connaît bien l'histoire de son pays mais également celle des autres pays d'Amérique latine. Il cherche dit il à faire évoluer la loi pour protéger son peuple, tout en s'inscrivant dans une histoire plus ouverte .

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
9 octobre 2012 2 09 /10 /octobre /2012 09:34

 

Le président du Venezuela demeure Hugo Chavez, au pouvoir depuis 1998, il a été réélu démocratiquement pour 6 ans. Les résultats du vote ont été acceptés par l'ensemble des candidats.L'élection qui s'est déroulée dimanche dernier mérite une analyse en terme de répartition des votes car après la présidentielle une autre élection très importante va avoir lieu celle des gouverneurs.

 

 

 

Un président sortant gagnant, une opposition plus forte

Dix points d'écart au final entre Hugo Chavez et son opposant Capriles Radonski. C'est la première fois que l'opposition a mené une campagne dans tout le pays dessinant au fil des réunions un programme associant libéralisme économique et misions sociales. Pour Chavez la victoire si elle est moins importante en pourcentage que les fois précédentes (56 % en 1998,59 %en 2000, 63 % en 2006) est indéniablement un succès, car cette fois le résultat est acquis malgré l'existence d'une opposition structurée et qui pu mener campagne.

 

 

 

Nous publions ici les résultats du CNE établis sous le regard de plus de 200 observateurs. 

 

Sur 19 millions d'électeurs Hugo Chavez obtient 7.860.982 de voix (54,84%) et Henrique Capriles Radonski 6.386.155 voix (44,55%). Le reste des voix se répartissant entre trois candidats qui font moins de 1% chacun.

 

 Très forte participation : 80 % de votants

Le premier fait est la très forte participation très forte le 7 octobre dans tout le pays. La mobilisation importante aux primaires pour l'opposition en février avec près de 3 millions de votants était un signe de l'intérêt que les citoyens ont pour les présidentielles. Depuis le début de la campagne le 1 er juillet les candidats ont parcouru l'ensemble du pays, mobilisant des foules.

 

 

 

Bureau de vote dans l'Etat d'Apure

Les électeurs se sont déplacés massivement dans tout le pays.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Résultats des votes par Etats

le Venezuela était constitué d'Etat fédéraux,les gouverneurs ayant un rôle politique, économique important il importe de connaître les résultats par Etat.

 

Hugo Chavez  l'emporte dans 22 Etats et Capriles dans 2   (Mérida et Táchira

 

 

Mapa interactivo de los resultados electorales

 

carte-etats-venezuela.gif

La carte des Etats du Venezuela.

 

 

 

Distrito Capital

Hugo Chávez: 54,76% 

Henrique Capriles Radonski: 44,62%

Les résultats de la capitale reflètent ceux du pays, pourtant si l'on anlyse finement les quartiers dans lesquels Hugo Chavez prend une confortable avance, ce sont les quartiers très populaires.

 

 

Estado Amazonas

Hugo Chávez: 52,82% 

Henrique Capriles Radonski: 46,23%

Dans l'Etat d'Amazonas, peu peuplé et dont le gouverneur élu est d'opposition, l'écart est de 6 points en faveur du président. Ce qui montre que l'élection est d'abord celle d'un leader pour le pays.

Notre voyage l'hiver dernier et au printemps en Amazonas, nous a permis de constater que les communautés indigènes entre elles étaient divisées sur le vote pour les présidentielles. 

La communauté Piraoa que nous avons rencontrée, indiquait qu'elle voterait Chavez,parce que c'est lui qui protégeait le mieux les communautés, mais que "13 ans au pouvoir c'était trop". En revanche les communautés Yanomamis se disaient plus enclines à voter pour Capriles soutenu par le gouverneur de l'Etat. Partout dns le pays depuis des mois les choix semblaient effectués. 

 

Estado Anzoátegui

Hugo Chávez: 54,84% 

Henrique Capriles Radonski: 44,55%

 

Un Etat riche à l'image du district fédéral comprenant une partie de la population extrêmement fortunée. Les inégalités sociales sont fortement marquées, visibles. Là comme dans le district fédéral les couches moyennes ont choisi le candidat Capriles. Le discours sur l'insécurité étant récurrent.

 

Estado Apure

Hugo Chávez: 65,00% 

Henrique Capriles Radonski: 34,27%

 

Traitionnellement chaviste l'Etat d'Apure demeure un des fiefs de Chavez malgré la campagne de Capriles.

l'etat d'Apure est jugé comme un des plus dangereux du Venezuela en raisons des paramilitaires implantés dans cette zone.

 

Estado Aragua

Hugo Chávez: 58,25% 

Henrique Capriles Radonski: 41,13%

 

Estado Barinas

Hugo Chávez: 58,84% 

Henrique Capriles Radonski: 40,54%

 

Il s'agit de l'Etat de Hugo Chavez, ce qui explique l'écart de 18 points.

 

Estado Bolívar

Hugo Chávez: 53,11% 

Henrique Capriles Radonski: 46,08%

 

Estado Carabobo

Hugo Chávez: 54,21% 

Henrique Capriles Radonski: 45,17%

 

Estado Cojedes

Hugo Chávez: 64,67% 

Henrique Capriles Radonski: 34,57%

 

Delta Amacuro

Hugo Chávez: 62,54% 

Henrique Capriles Radonski: 36,44%

 

Estado Falcón

Hugo Chávez: 59,67% 

Henrique Capriles Radonski: 39,64%

 

Estado Guárico

Hugo Chávez: 63,80% 

Henrique Capriles Radonski: 35,48%

 

Estado Lara

Hugo Chávez: 54,84% 

Henrique Capriles Radonski: 44,55%

 

Estado Mérida

Hugo Chávez: 47,96% 

Henrique Capriles Radonski: 51,58%

 

L'Etat de Mérida est celui des Andes. Il comprend une population indigène importante,une université très dynamique, mais la fuite des touristes vers d'autres destinations que le Venezuela faute d'infrastructures adéquates (aéroport fermé il faut plus de 15 heures de bus pour venir de Caracas), téléphérique en "réhabilitation " depuis plusieurs années conduisent à une dégradation du tourisme étranger malgré des atouts importants. De tout le Venezuela c'est la ville où le nombre de mendiants est la plus importante. En revanche pas d'insécurité le soir comme à Caracas ou dans d'autres grandes villes, des prix abordables.

 

 

Estado Miranda

Hugo Chávez: 49,76% 

Henrique Capriles Radonski: 49,71%

 

      L'Etat de Miranda comprend une partie de Caracas (l'est très chic) et le barrio de Petaré le plus peuplé du Venezuela.

Face à face se dresse deux populations la plus riche du pays adossée à la montagne de Avila et une des plus démunies qui subit la violence, l'insécurité mais également un environnement de plus en plus dégradé (ramassages des ordures chaotiques, coupures d'électricité).

 

Estado Monagas

Hugo Chávez: 58,11% 

Henrique Capriles Radonski: 41,18%

 

Estado Portuguesa

Hugo Chávez: 70,63% 

Henrique Capriles Radonski: 28,60%

 

Estado Sucre

Hugo Chávez: 59,28% 

Henrique Capriles Radonski: 40,16%

L'Etat de Sucre est chaviste,  à partir de Santé fé constitué des îles touristiques de la côte Est et de la péninsule de Paria. Une zone de plages, de quelques cultures café, cacao, fruits tropicaux.

 

Estado Táchira

Hugo Chávez: 43,08%

Henrique Capriles Radonski: 56,44%

 

voisin de l'Etat de Merida, le Tàchira est frontalier de la Colombie, il comprend une population indigène importante.

 

Estado Trujillo

Hugo Chávez: 63,69% 

Henrique Capriles Radonski: 35,81%

 

Estado Vargas

Hugo Chávez: 61,26% 

Henrique Capriles Radonski: 38,07%

 

Estado Yaracuy

Hugo Chávez: 59,97% 

Henrique Capriles Radonski: 39,35%

 

Estado Zulia

Hugo Chávez: 54,84% 

Henrique Capriles Radonski: 44,55%

 

 

Nueva Esparta

Hugo Chávez: 50,99% 

Henrique Capriles Radonski: 48,47%

 

 

 source CNE publié sur www.ultimasnoticias.com.ve

 

 

 

 

Dans la capitale Caracas ou Districto Federal


resultados.jpg
Les paroisses en bleu sont celles que remportent Capriles Radonski;  Chavez l'emporte dans les quartiers populaires qui se sont fortement mobilisés comme le 23 de enero. 
 L'opposition a construit son discours sur les questions d'emploi, d'insécurité d'inflation et a su toucher les couches moyennes.
Ce qui se joue désormais, ce sont les élections du 16 décembre prochain (sur lesquelles nous reviendrons dans un prochain article).

 

Pour le PSUV (chaviste) "Estamos listos para iniciar un nuevo período de Gobierno que formalmente comienza el día 10 de enero, pero que nuestro comandante (Chávez) ha dicho, que comienza hoy mismo". "No podemos ser tan ligeros, tan simplistas en el análisis de esta victoria y decir que la brecha se redujo o que nosotros ganamos 22 estados y que eso significa que vamos a ganar 22 gobernaciones"."Tenemos que revisar para seguir haciendo el trabajo y obtener la mayor cantidad de triunfos en las gobernaciones de Venezuela".

 



Pour la MUD (soutenant Capriles Radonski)    

 "Ayer (el domingo) le recordamos al Presidente que es de todos, no de un grupo"."El propósito del diálogo es Venezuela. Tenemos que hablar de cómo hacer para disminuir la violencia, contrlar la inflación y producir empleos"."Vamos a seguir con nuestra lucha. Vamos camino a una próxima elección. El 16 de diciembre tendremos excelentes resultados electorales".

l'élection présidentielle ne comporte pas les mêmes règles ni les mêmes enjeux que celle des gouverneurs des Etats et la partie risque d'être compliquée pour le PSUV face à une opposition mieux structurée et qui dispose de moyens de communication importants, et désormais d'un leader.

 

 


 

Partager cet article
Repost0
2 octobre 2012 2 02 /10 /octobre /2012 11:23

Il y a d'une part la guerre des sondages qui semblent indiquer une lègère avance à Chavez, et d'autre part le ressenti de la population selon le lieu où l'on se retrouve.(voir le site du GISXXI pour ceux qui lisent l'espagnol);

 

C'est la première fois sans doute que l'opposition espère  que son candidat Henrique Capriles Radonski soit gagnant.

Ceci démontre qu'il existe des clivages très importants au sein de la population et que la possibilité de critiquer le gouvernement en place existe contrairement à l'image que certains médias donnent de la vie politique au Venezuela.

Il existe une opposition qui dispose de moyens financiers et humains pour développer ses idées (télévision, journaux, possibiltés de meetings).

Même si les débats d'idées au sens où nous l'entendons, face à face télévisé notamment n'existent pas , pour autant les candidats ont publié leurs programmes et ceux ci  peuvent être lus et commentés.

 

Aujourd'hui se développe l'idée que le perdant quel qu'il soit va contester le résultat et que la nuit du 7 sera agitée.

 

Les articles sur les risques liés aux élections sont sans doute plus faciles à écrire que ceux qui mettraient en perspective la place du venezuela aujourd'hui dans le monde latino en profonde mutation implusant des accords diplomatiques, militaires, économiques entre nations des Caraibes et d'Amérique du Sud.

 

Manif 1er mai1

 1er mai 2012 à Caracas

 

 

 

Partager cet article
Repost0