Chronique de Caracas :
Venezuela, le pays à 50/50
Après l’élection de dimanche, Caracas a tourné au ralenti hier matin et s’est brusquement arrêté l’après midi dans le centre, tant les tensions étaient vives.
Des résultats très serrés
Dimanche Nicolas Maduro Moros a été élu avec 50,75 des votes soit 7.563.747 face à l’opposant Henrique Capriles Radonski qui a obtenu 48,97% des voix soit 7.298.491 voix. L’écart de voix est faible : 265.256. Pour Maduro « Nous avons obtenu un triomphe juste, constitutionnel, légal et populaire ». Henrique Capriles n’a pas reconnu l’élection et demande un nouveau comptage des voix.
Le nouveau président commence son mandat dans le bruit des casseroles
A 16 h se déroule la proclamation officielle des résultats par le Conseil National Electoral (CNE) les partisans de Maduro sont venus le soutenir par dizaines de milliers à Capitolio, centre historique et politique. A l’autre bout de la ville, dès 14 h se sont rassemblés les partisans de Capriles à Altamira Plaza Francia : une centaine au début, renforcés par des motocyclistes et des voitures klaxonnant puis par une casserolade impressionnante qui a couvert une grande partie de la ville et duré jusque vers 22h.
La casserolade : l’expression d’une grande déception et de rancœurs accumulées
En décembre 2011, lors de l’accueil des dirigeants du CELAC , certains quartiers acquis à l’opposition s’étaient emplis du bruit des louches ou cueillères frappant sur une casserole . Hier, c’était plus impressionnant : peu de chants, de cris, mais beaucoup de bruit, une casserolade installée dans la durée. Les ménagères peuvent de chez elles protester sans avoir ni banderole, ni mot d’ordre, mais elles n’étaient pas les seules ! Descendus dans les rues de Chacao et Altamira les habitants ont casserolé de concert.
De plus, sur l’avenue Miranda, dès 18h certains ont mis le feu à des poubelles, des pneus bloquant l’avenue sur laquelle les contestataires avaient défilé souvent sans banderoles.
Peu de violences verbales et pas de violences physiques mais toute l’après midi et une partie de la nuit cette partie de Caracas s’est trouvée sous tension, les rumeurs annonçaient que le défilé souhaitait atteindre Capitolio et les partisans de Maduro.
Capriles perd les élections mais renforce sa crédibilité
Certes Capriles n’a pas gagné les élections mais il a appelé à la poursuite de la protestation sans violence, vers 19h et a calmé le jeu. Permettant à la fois à son électorat de s’exprimer mais apparaissant comme un modéré ferme, répondant ainsi à ce qu’attend sa majorité. A ce rassemblement, jeunes des beaux quartiers, femmes de couches moyennes et supérieures peu habituées à manifester se croisent avec quelques hommes prêts à en découdre. La part des motos est rapidement devenue importante. S’il est facile de prévoir le déplacement d’une foule c’est plus difficile pour les motards rapides et anonymes, ce qui crée une inquiétude. Les forces de police, l’armée étaient invisibles.
Plusieurs rassemblements se sont ainsi déroulés dans le pays plutôt dans le calme.
Aujourd’hui Capriles appelle à protester devant les bureaux régionaux du CNE.
C’est donc un pays divisé mais pas ingouvernable (la majorité des régions et l’assemblée nationale lui sont acquises) que devra diriger le président Maduro qui affirme que sa priorité c’est l’insécurité et l’efficacité et en troisième l’économie (voir ma chronique du 11 avril).
La transition s’effectue mais dans un climat très tendu.
Altamira Plaza Francia
Le 16 avril 2013
Gisèle Jean
PS . mes videos dectte manifestation ne sont pas disponibles pourle moment